Par : Sabrina Bouzourene et Elise Iwasinta
Dijon, sa moutarde, son kir, ses vins…et l’électro. Loin d’être uniquement cantonnée à la gastronomie, cette ville peut en effet se caractériser par sa forte implication dans la musique électronique. Nous sommes certes loin de certaines soirées parisiennes à têtes d’affiche impressionnantes, mais Dijon propose à ses habitants des programmations pointues et appréciées.
L’histoire de l’électro à Dijon prend probablement racine avec le club L’An-Fer et son célèbre DJ résident entre 1990 et 1994, Laurent Garnier. Frédéric Dumélie, patron du club, avait eu un véritable coup de cœur pour ce DJ émergent, avec qui il a monté un projet artistique fort, faisant notamment participer des amis comme Jeff Mills, Saint-Germain ou DJ Deep. Les rave-parties se multiplient également à cette époque, notamment sur le campus de l’Université de Bourgogne. A la fin des années 1990, de nombreux bars électro se montent, des dizaines de DJs se lancent à Dijon, l’Espace Grévin devient le lieu électro de référence pour tout l’Est de la France, le Bart multiplie les afters… C’est un mouvement incroyable pour la musique électronique, qui se termine en 2002 avec la fermeture de l’An-Fer, puis progressivement des autres clubs.
Parallèlement, l’artiste Vitalic, dijonnais né en 1976 et reconnu aujourd’hui mondialement, décide de créer son propre label de musique électronique en 2001 : Citizen Records. Le Rio Electro Club de l’avenue de la Gare permet à l’électro de survivre, sous l’influence de ce label. Après sa fermeture, c’est la salle de concert La Vapeur qui va reprendre le flambeau, sans réelle direction. Durant les années 2000, des associations comme Octarine et Guls Productions se dédient à la musique électronique. Mais les spécialistes ont alors peur, car les bars ferment, la scène électro piétine, peu de soirées ont lieu. Seul Citizen Records est en pleine croissance.
En 2009 et 2010, la ville de Dijon invite Bob Sinclar, Vitalic et Laurent Garnier pour jouer Place de la Mairie. Des artistes électro comme Shrink V, Kaesis, ou Moonlift sont choisis pour composer la musique du feu d’artifice du 14 juillet. Paradoxalement, alors qu’elle avait fermé de nombreux lieux de la scène électro pour éviter le tapage nocturne, c’est la ville de Dijon qui relance l’électro peu à peu. En 2011, Luc Deren (association Teknet) recense 140 DJ à Dijon. Une effervescence qui ne demande qu’à exploser à nouveau.
C’est ainsi qu’en juin dernier, le festival des Nuits Sonores à Lyon a accueilli l’Embuscade, un bus londonien à terrasse témoin de l’activité électronique dijonnaise. Grâce à Octarine, Guls Productions, Paranoiak, La Vibe et Risk (ex-Teknet), ce bus a accueilli une exposition sur l’histoire de l’électro à Dijon, et des concerts de Kaesis, Shrink V, Moonlift, Major Minor, Dale Cooper… Un réel succès, qui a permis de faire connaître l’histoire de l’électro à Dijon et le rayonnement musical de cette ville. Le Conseil Général est d’ailleurs prêt à les soutenir à nouveau pour les années futures.
La Vapeur a quant à elle accueilli, le 5 octobre dernier, le groupe mythique Metronomy. Groupe anglais créé en 1999 par Joseph Mount, Metronomy est devenu, depuis 2008 et son album Nights Out, un groupe majeur de la musique électronique. La Vapeur nous a offert un concert rythmé, sans faute, que nous avons apprécié jusqu’aux dernières notes. Une salle permettant une telle proximité avec la scène (750 places), pour des tarifs plus que raisonnables (5,50 euros avec la carte Culture), est sans doute la clé pour relayer la musique électronique à Dijon.
Autre événement électro majeur de Dijon : le Festival Résonnances Electroniques. La 5ème édition aura lieu du 3 au 17 novembre 2011 à Dijon. Notons la présence de Popof le 03 novembre au Chat Noir. Il s’agit d’un des DJs emblématiques des Heretik (Heretik System), le collectif pionnier des raves en France. Les fameuses soirées sauvages à la piscine Molitor et à Bercy il y a quelques années… Il y a également le festival Novosonic du 20 au 25 octobre 2011. Ce n’est pas un festival de musique électronique uniquement, mais on pourra y retrouver Mondkopf le 22 à l’Athéneum, un artiste émergent qui a été présenté à la Gaîté Lyrique lors de la semaine d’ouverture.
N’oublions pas pour terminer le festival TGV Génériq, créé en 2007 par un collectif regroupant les Eurockéennes de Belfort, La Vapeur (Dijon), la Rodia (Besançon), le Moloco (Montbéliard) et la Poudrière (Belfort), qui propose des concerts dans des lieux insolites de ces quelques villes de l’Est de la France. Connan Mockasin et Cascadeur Irchestra seront au Grand Théâtre le 7 décembre, Pat Jordache et les Young Empires joueront à l’hôtel de Voguë le 9 décembre et Battant et Rafale le 10 au Consortium dans le cadre de ce festival.
En cette fin d’année, Dijon semble être redevenue, plus que jamais, une ville électro.