Pussy riots / (c) REUTERS
Il est souvent fait la critique aux écoles de commerce et aux formations culturo-commerciales de manquer de profondeur. Allant à l’encontre de ce préjugé, le MECIC a accueilli ce lundi 17 septembre, Emmanuel Breton, philosophe, dramaturge (et récemment diplômé en architecture) pour réfléchir ensemble sur le sens de l’engagement pour la culture. Petit résumé de cette intervention…
C’est d’abord la définition Nietzschéenne qui a été privilégiée par le conférencier : l’artiste est un individu qui interrompt la bienséance et interroge le sens du monde, le sens de son époque. Il intervient de façon intempestive dans la société. Sa prise de parole interpelle. Elle est inactuelle, en décalage avec son temps. Et c’est ce décalage dont ont besoin les sociétés.
Pourtant, deux mouvements s’opposent.
Le premier mouvement est historique. Si au Ve siècle avant J.C les Grecs avait un rapport aristocratique à la culture et la réservait seulement aux hommes de goût, l’accès à l’art s’est depuis démocratisé. Aujourd’hui, la perception de la culture dans la société de masse a été héritée de celle des Philistins et l’art devient un bien de consommation comme un autre. L’art est alors intéressant pour sa valeur d’échange (valeur marchande) et pour sa valeur symbolique (valeur ostentatoire). Le temps n’est là que pour consommer plus.
Le second mouvement est celui des philosophes de la modernité. Ceux-ci s’alarment. Aujourd’hui le créateur doit faire face au néant. A partir du moment où l’art n’est plus que substance, la modernité est un état de crise perpétuelle. Dans ce monde où l’art s’est conceptualisé, créer est faire face à l’impossible. Pour Arendt, la société de masse ne tient plus compte du point de vue du public, du goût des individus. Pour Sloterdijk, ces individus sont devenus des consommateurs finaux. Pour Benjamin, il n’y a plus d’Aura (de rencontre à un moment donné, dans un endroit définit), plus d’hic et nunc de la création, de la reproduction et de la diffusion artistique.
Ainsi, si les nouvelles formes d’art sont infiniment reproductibles et plus facilement accessibles, l’individualisme et l’absence d’échange communicationnel rend paradoxalement plus difficile pour les artistes d’atteindre leur public. Et c’est pour éliminer ce paradoxe que les artistes de la scène contemporaine doivent s’engager dans le vivre ensemble.
Manon Bayet, Etudiante, Spécialisation CIC