La Joconde reste une énigme. Un simple article ne suffirait pas pour établir la liste exhaustive de tous les savants, historiens et poètes qui se sont penché sur le « Mystère Mona Lisa ». Une chose est sûre, la Joconde reste une énigme et porte avec elle un mystère, intriguant certes les français, mais aussi les allemands.
La Joconde © Reuters
Kurt Tucholsky (1980 – 1935), écrivain allemand d’origine juive, est lui aussi tombé sous le charme de Mona Lisa. Sa vie a été très tourmentée. Il a d’abord servi son pays en tant que soldat pendant la première guerre mondiale, puis s’est tourné vers une carrière de journaliste engagé et défenseur des droits de l’homme, jusqu’à l’ascension des nazis au pouvoir. Il a ensuite été obligé de fuir son pays. Il s’est inspiré de son expérience et de son ressenti pour écrire ses différents livres. A la lecture de chacun d’entre eux se mêlent des sentiments de joie, de tristesse, de sérieux, d’espoir sans pour autant vouloir donner de leçon à quiconque.
En 2006, la ville de Berlin lui rend hommage à travers la mise en scène d’extraits de ses œuvres les plus importantes. Cette « soirée Tucholsky » est organisée par le Berliner Ensemble dans le cadre du 70ème anniversaire de la mort de l’auteur.
Ce spectacle constitue un habile medley des différentes œuvres de l’artiste (livres, lettres, articles, citations) dans lesquelles, par exemple, il analyse et passe en revue les relations hommes/femmes, ou même, s’interroge sur le monde actuel, avec un ton sarcastique et loufoque : « L’avantage de la sagesse consiste à savoir faire l’âne. Le contraire est plus difficile. »
Cette combinaison entre gaieté et mélancolie, fidèles aux sentiments multiples de l’auteur, semble être la source du succès de ce spectacle. Présenté en 2006 pour la première fois, elle est toujours jouée dans la capitale allemande.
Mais finalement, me direz-vous, qu’est-ce qui lie Tucholsky au sourire de la Joconde ? Eh bien, c’est le titre d’un de ses poèmes : « Le sourire de la Joconde » ! Ce dernier a été écrit en 1928 et véhicule l’espoir d’un monde meilleur. Un monde qui, il l’espère, aurait su tirer leçon de la guerre.
Tucholsky © bpk
Le sourire de la Joconde
Je ne peux pas détacher mon regard de toi.
Car au-dessus de ton gardien, tu es suspendue,
les mains doucement croisées, et ris à demi.
Tu es célèbre comme la fameuse tour de Pise,
ton sourire passe pour de l’ironie.
Oui… pourquoi la Joconde rit-elle ?
Rit-elle de nous, à cause de nous, malgré nous,
avec nous, contre nous ou qu’en est-il ?
Tu nous enseignes en silence ce qu’il faut faire.
Parce que ton portrait, Lisette, nous montre ceci :
qui a vu beaucoup de choses de ce monde,
sourit, pose les mains sur son ventre, et se tait.
Tucholsky
Anna Zawacki, Etudiante Spécialisation CIC, 2012.
Le sourire de la Joconde m’a enchanté. L’article est magnifique!